Beffroi d'Armentières

Armentières, l’espion du beffroi

De par leurs hauteurs, les beffrois ont, au même titre que les clochers, joué un rôle important lors des conflits armés du XXe siècle. Reprenant et intensifiant leur rôle de tour de guet, ils font l’objet de nombreuses destructions mais certains, comme celui d’Armentières, ont d’abord une histoire singulière à nous conter.

Lors de la Première Guerre mondiale, la cité est cœur d’une zone de combats intenses. Cible évidente, le beffroi est visé par un tir d’obus. Le projectile atteint sa cible et bloque le mécanisme de l’horloge. Il est alors onze heures trente.

Lorsque le front s’installe à quatre kilomètres d’Armentières, les alliés prennent leurs quartiers dans le centre-ville et planifient des attaques surprises en direction des lignes ennemies. Ces assauts échouent à chaque fois, l’ennemi semble toujours prêt à riposter. Des soldats remarquent alors que les aiguilles du beffroi ont bougé, indiquant l’horaire de la précédente attaque repoussée. Le fil se dénoue, les alliés comprennent qu’un espion placé au sommet informe les ennemis. Quatre kilomètres plus loin, une paire de jumelles suffit pour imposer de lourdes pertes aux alliés.

Une attaque est annoncée afin de mettre un terme à ce manège. Les soldats scrutent alors discrètement l’horloge pour épier le moindre mouvement. Soudain, une aiguille bouge, des détonations claquent et c’est fini ! Le traître est retrouvé inanimé au sommet du beffroi.

Aujourd’hui, les espions ont quitté la ville et vous pouvez avoir confiance en l’horloge du beffroi. Mais pour de nombreux britanniques et australiens, la Grand’Place restera toujours la Place de onze heures et demie et les anciennes aiguilles du beffroi accrochées dans un couloir de l’hôtel de ville sont là pour le rappeler.


La Fête des Nieulles 

Si sa date d’instauration n’est pas précisément définie (entre 1413 et 1530), la fête des Nieulles perpétue une tradition vieille de 5 siècles environ.

Les Comtes de Luxembourg, alors souverains de ce pays, avaient leur résidence à Armentières et, lors d’une occasion méconnue, donnèrent un grand repas au Magistrat à la Ville. Des Nieulles, sorte de petits pains asymes, se trouvaient au dessert et en signe de joie, on en jeta au peuple par la Croisée. Voici l’origine donnée à cette manifestation appelée Fête aux Nieulles et qui se déroule le premier lundi de mai.

Cette tradition est restée vivace jusqu’à la Révolution. Elle revoit le jour vers 1800 pour s’éteindre quelques dizaines d’années plus tard. Les commerçants décident de la faire revivre en 1938. Ce renouveau fut éphémère pour cause de guerre et il faut attendre 1954 pour que renaisse une seconde fois la Fête des Nieulles. L’élection de la Reine des Nieulles contribue à ancrer les Nieulles dans la tradition populaire de la ville d’Armentières. Depuis une dizaine d’années, les spectacles prennent la dimension de concerts mais le lancer des Nieulles, devenus aujourd’hui des petits biscuits, reste un incontournable de cette fête.


Louis-Marie Cordonnier

Architecte régional de talent, Louis-Marie Cordonnier est, au lendemain de la Première Guerre mondiale, en charge de la reconstruction de la vallée de la Lys. Chantre de l'architecture Renaissance flamande il use d'un vocabulaire architectural médiéval fait de créneaux, échauguettes et faux mâchicoulis. Architecte bâtisseur, il a tout dessiné, des plans jusqu'aux carrelages et ampoules. S'il est l'auteur de nombreux hôtels de ville avec beffroi, il a également dessiné de nombreuses églises et éléments majeurs du patrimoine régional.