Beffroi de Cambrai

L'indépendance de l'administration communale dans une cité régie par une forte présence du pouvoir religieux ne s'est pas fait sans heurts. Déjà en 958 la milice communale s'est opposée à l’évêque Bérenger, ce qui engendra son désarmement et le massacre de ses chefs. Le désir de liberté grandissant, les bourgeois profitent en 1077 de l'absence de leur évêque pour proclamer la commune. Le prélat revient accompagnés des soldats du comte, mais les bourgeois conservent leur droit de beffroi.

Pendant les deux siècles suivants, les affrontements entre bourgeois, évêque, rois et empereurs se poursuivent. La Cité possédait déjà un beffroi, des sources d’archives mentionnant sa destruction en 1095 ou 1096.

Une chose est sûre, l'année 1226 marque la destruction de la tour communale sur ordre de l'empereur germanique, roi des Romains, en punition d'une nouvelle rébellion de sa population. Si le maintien de l'administration échevinale est accordé, l'interdiction de construire une tour spécifique est affirmée. Dès lors, les échevins n'ayant de lieu pour suspendre leur cloche, la maîtrise du temps revient au clergé. Les bourgeois n'ont alors qu'une volonté, faire lever cette punition.

Ils n'obtiennent satisfaction qu'en 1395 lorsque la ville a de nouveau le droit d’édifier un beffroi muni d’une horloge et d'une cloche. Entre 1447 et 1474, un clocher est bâti sur l’église Saint-Martin, il prend alors le rôle de beffroi. La tour devient le royaume des "Gallus", guetteurs, dès 1550. Cette profession est exercée jusqu'en 1936 à Cambrai, un record! A l'origine, la tour était surmontée d'une flèche torsadée dominée par un mercure-girouette, détruits par la foudre. L'architecte Gittard propose alors une surélévation de la tour avec l'ajout d'un étage dédié aux cloches et d'un dôme d'architecture classique. C'est également à cette époque que sont ajoutées les quatre statues angulaires.

Après la Révolution, l’église est vendue, puis démolie pour servir de carrière. La tour ne doit son salut qu’à son statut communal. Épargnée par les ravages des guerres, la tour n’a pas eu à subir d’importantes reconstructions, c'est presque miraculeux tant les dégâts étaient importants au sortir de la Grande Guerre.