En 1346, une charte accorde aux bourgeois le droit d'élever un beffroi, d'y mettre des cloches et d'y joindre des prisons municipales. Cette faveur, la cité la tient de sa fidélité au Roi de France lors de la Guerre de Cent Ans. Construite en bois, la tour s'écroule quelques années plus tard. En 1388, Guillaume de Namur autorise la reconstruction d'un nouvel édifice, en grès cette fois mais sans prison, qui traverse les siècles. Un troisième étage est ajouté en 1437, ainsi qu'un dragon sur le campanile en 1564. Le carillon, quant à lui, est apparu en 1546. Pendant près de trois siècles, le beffroi connait le voisinage immédiat d'une halle médiévale. Celle-ci disparaît dans l'incendie de 1664 et laisse le beffroi à nouveau isolé.
Dès 1702, on reconstruit des maisons en pierre accolées à la tour car la disparition de la halle laisse de la place libre. Habitations, échoppes ou bar, leurs vocations sont multiples et elles se sont succédé depuis le XVe siècle. Plus tolérées que véritablement autorisées, ces maisons apportent un revenu aux échevins de la Cité. Accusées de défigurer le beffroi, elles auront pourtant un rôle important dans le conflit qui se prépare...
En effet, en 1918, le beffroi est devenu un point d'observation privilégié et donc une cible prioritaire. Les obus pleuvent, le campanile et le carillon s'effondrent mais la tour résiste grâce aux habitations qui l'enserrent et forment comme un corset. Les maisons encerclant le beffroi sont détruites dans l'incendie. Au lendemain du conflit, la reconstruction de la ville ravagée débute et parmi les options proposées, celle de Louis-Marie Cordonnier propose d'adjoindre un hôtel de ville au beffroi. La restauration commence en 1923 selon d'autres plans et c'est en 1931 que le bâtiment est achevé; il est alors isolé au milieu de la place.